Les organismes caritatifs canadiens ont aidé à faire du Canada un pays plus propre, plus sûr et plus sain – il nous faut pourtant protéger leur capacité à faire valoir les préoccupations des Canadiens

Le Canada est un pays d’une grande beauté – des montagnes époustouflantes aux lacs vierges, en passant par les forêts ancestrales, il regorge de paysages dignes de cartes postales.

Il s’agit également d’un pays complexe confronté à des enjeux tout aussi complexes. Au Canada, les organismes caritatifs font connaître les préoccupations des Canadiens relativement à des questions qu’ils ont profondément à cœur, par exemple l’accès à un revenu, les soins de santé, l’éducation, et l’environnement, pour ne citer que ceux-là. Ces organismes offrent également des connaissances spécialisées dans différents domaines. L’ensemble de leurs interventions contribue à l’élaboration de lois rigoureuses et efficaces qui font de notre pays un endroit où il fait bon vivre.

On pourrait écrire un livre sur les différentes façons dont les organismes caritatifs canadiens ont contribué à opérer des changements politiques qui ont amélioré les conditions de vie dans notre pays, en le rendant plus sûr, plus propre et plus sain pour les Canadiens. Voici une courte liste des changements politiques qui ont été rendus possibles grâce au dévouement des organismes caritatifs et au travail acharné qu’ils accomplissement en collaboration avec les différents ordres de gouvernements et les citoyens de tous horizons. Voici donc un aperçu des types d’intervention qui se trouvent actuellement menacés.

Les organismes caritatifs ont aidé à réduire de manière spectaculaire les pluies acides au Canada

Dans les années 1980, les dommages que les pluies acides ont causés aux forêts et aux lacs ont été source de grande inquiétude. À l’époque, la Coalition canadienne contre les pluies acides a joué un rôle déterminant dans la mobilisation en faveur de l’adoption de mesures pour freiner cette problématique. Il a fallu une décennie de pressions populaires avant que l’accord sur les pluies acides (officiellement appelé Accord Canada – États-Unis sur la qualité de l’air) ne soit signé, en 1991, par le Canada et les États-Unis. Cet accord a par la suite donné lieu à des modifications à la Loi sur la qualité de l’air des États-Unis (U.S. Clean Air Act).

Bien que beaucoup d’efforts aient été centrés sur la prise de mesures par les États‑Unis au cours des années 1980, il convient de noter que le Canada a également instauré d’importants changements. En effet, sept provinces ont convenu de réduire de 50 % les émissions de dioxyde de soufre à l’horizon 1994 par rapport aux niveaux enregistrés en 1980. En outre, le gouvernement fédéral a fait d’importants investissements en vue d’aider l’industrie lourde à faire la transition vers des technologies permettant de réduire les polluants responsables des pluies acides.

Quinze ans après la signature de l’accord, on est parvenu à réduire de 40 % les pluies acides. Au Canada, les émissions de dioxyde de soufre ont chuté de 73 % entre 1980 et 2010. Grâce à ces progrès, la santé de nombreux lacs dans l’est du Canada s’est améliorée considérablement et les menaces pesant sont les forêts ont diminué.

Les organismes caritatifs ont plaidé en faveur des mesures législatives interdisant la conduite avec facultés affaiblies

Trop de vies ont été perdues au Canada en raison de l’alcool au volant. Pourtant, autrefois, il était normal de boire un verre et de prendre le volant par la suite pour rentrer à la maison; les sanctions étaient d’ailleurs minimes si jamais on se faisait prendre. Pour parvenir à sauver des vies, il fallait donc procéder à des changements culturels et juridiques. L’organisme Mères contre l’alcool au volant (MADD) a joué un rôle de chef de file au chapitre de la sensibilisation du public à l’égard des dangers associés à l’alcool au volant et des efforts de promotion visant à inciter l’adoption de politiques plus rigoureuses sur la conduite avec facultés affaiblies. Or, si nous routes sont aujourd’hui plus sécuritaires, c’est bien grâce aux efforts déployés par cette organisation.

Les organismes caritatifs ont aidé à protéger l’avenir financier des enfants handicapés

C’est normal pour les parents de réfléchir au type de carrière que leurs enfants pourraient poursuivre. Mais quoi faire lorsque l’enfant a un handicap qui compromettra sa capacité d’occuper un travail à temps plein? À la fin des années 1990, Planned Lifetime Advocacy Network a commencé à militer pour la mise en place de politiques visant à aider les familles à mieux préparer l’avenir financier de leurs enfants ayant un handicap. En 2007, le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget la mise en œuvre du régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI), un puissant outil d’épargne à long terme qui a vu le jour après des années de recherche et de travail acharné. L’argent placé dans un REEI n’a pas de répercussions sur les prestations d’invalidité et, en outre, le gouvernement fédéral verse trois dollars pour chaque dollar placé dans le régime.

Les organismes caritatifs ont aidé à bannir les substances chimiques qui causent des trous dans la couche d’ozone

Il y a vingt-cinq ans, le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone entrait en vigueur. Signé en 1987 par 197 pays, ce traité international avait pour but de protéger la couche d’ozone grâce à l’arrêt progressif de la production de nombreuses substances considérées comme responsables de l’appauvrissement de la couche d’ozone.

Un tel tour de force n’aurait pas été possible sans l’intervention d’organismes caritatifs tels que Les Ami(es) de la Terre, qui ont sensibilité les Canadiens à l’égard des risques associés à l’appauvrissement de la couche d’ozone et ont joué un rôle clé pour ce qui est d’inciter la prise de mesures à ce sujet. L’appauvrissement de la couche d’ozone entraîne l’augmentation des rayons UV qui atteignent la surface de la terre. On sait qu’un niveau élevé de rayons UV ralentit la croissance des plantes et peut causer le cancer de la peau, la cataracte et des dommages au système immunosuppressif de l’homme et de certains animaux.

Dans le cadre du protocole, le Canada s’est engagé à réduire progressivement, selon un échéancier précis, l’utilisation des produits chimiques dangereux pour la couche d’ozone. Depuis l’entrée en vigueur du protocole, le niveau des agents polluants appauvrissant la couche d’ozone émis dans l’atmosphère a stabilisé ou diminué. Qui plus est, la couche d’ozone a commencé à se reconstituer. Au Canada, la consommation de substances appauvrissant la couche d’ozone a diminué de près de 100 %.

Les organismes caritatifs ont aidé à assurer la prestation de services de santé mentale efficaces aux jeunes de l’Ontario

L’adolescence n’est jamais une période facile. Ajoutez à l’équation des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, et le tout peut devenir un cauchemar à la fois pour les adolescents et leurs familles. Il y a dix ans, l’organisation Santé mentale pour enfants Ontario a collaboré à l’élaboration de la Stratégie ontarienne de santé mentale et de lutte contre les dépendances. Pendant presque une décennie, l’organisation a déployé des efforts en vue de faire progresser la cause de la santé mentale à l’échelle des programmes de soins de santé de la province. En 2011, le gouvernement de l’Ontario a annoncé un financement important pour aider les enfants et les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.

Les organismes caritatifs ont aidé à faire interdire les substances chimiques cancérigènes

Le bisphénol A (BPA) est un produit chimique nocif trouvé dans de nombreux produits de la vie courante, par exemple le revêtement d’emballages de boissons et de nourritures, les reçus de caisse et les bouteilles d’eau réutilisables faites en plastique dur. Plus de 150 études scientifiques examinées par des pairs ont fait ressortir d’éventuels problèmes pour la santé associés à l’exposition au BPA, notamment le cancer du sein et de la prostate, des troubles de déficit de l’attention et d’hyperactivité ainsi qu’un vaste éventail de problèmes de développement.

En 2007, Environmental Defence et autres organismes caritatifs voués à la protection de l’environnement ont sonné l’alarme au sujet du BPA et de ses effets potentiels pour la santé. Un an plus tard, le Canada a annoncé qu’il interdirait la vente de biberons contenant du BPA. La décision du Canada de devenir le premier pays du monde à prendre des mesures pour protéger les enfants contre cette substance chimique néfaste a déclenché un effet d’entraînement à l’échelle internationale. En effet, de nombreux pays, y compris la Chine, ont par la suite suivi l’exemple du Canada.

La décision du Canada concernant le BPA a laissé un héritage que l’on peut observer à la lumière des mesures de surveillances rigoureuses visant divers produits chimiques, comme le parabens, les phtalates et le triclosane, et des décisions récentes prises par de grandes entreprises mondiales d’éliminer ces polluants contemporains de leurs inventaires.

Les organismes caritatifs ont aidé à protéger la forêt pluviale de Great Bear

La forêt pluviale de Great Bear, en Colombie-Britannique, est un milieu naturel majestueux parsemé de vallées, de fjords, de forêts ancestrales et de ruisseaux sauvages. Faisant partie de la dernière plus grande forêt pluviale tempérée côtière de la planète, la forêt de Great Bear abrite l’une des plus importantes populations de saumon sauvage du monde ainsi que des espèces rares, comme l’ours esprit.

Dans les années 1990, la forêt pluviale de Great Bear était menacée par l’exploitation irresponsable des forêts. Des organismes caritatifs tels que Friends of Clayoquot Sound, Sierra Club, entre d’autres, ont alors tiré la sonnette d’alarme. Après plus d’une décennie d’efforts soutenus, on a pu donner une nouvelle chance à la forêt pluviale de Great Bear, notamment grâce à la conclusion d’accords visant à en protéger 6,5 millions d’hectares et à l’adoption de lois prévoyant l’utilisation des pratiques d’exploitation forestière « modérées ». Ces lois exigent la conservation de la moitié du niveau naturel des forêts ancestrales dans la région. Les Premières Nations ont joué un rôle capital pour favoriser l’atteinte de ces résultats et en assurer la mise en œuvre. Les organismes caritatifs et les Premières Nations continuent d’œuvrer sans relâche afin d’accroître la protection de ce paysage enchanteur.

Les organismes caritatifs ont aidé l’Ontario à délaisser le charbon et à réduire les journées de smog

En 2003, l’Ontario a adopté une politique visant à éliminer complètement la production d’électricité à partir du charbon. Cette mesure a fait suite à d’importantes pressions populaires menées par l’Ontario Clean Air Alliance, une coalition regroupant divers organismes caritatifs à vocation environnementale, en raison de la mauvaise qualité de l’air dans le sud de la province.

Avant l’arrêt progressif du recours au charbon, l’Ontario avait six centrales au charbon qui produisaient des volumes importants de polluants atmosphériques et d’émissions de gaz à effet de serre. La qualité de l’air de la province était mauvaise. En 2005, on y avait enregistré 53 jours de smog. D’après les de l’Ontario, chaque année, les centrales au charbon étaient la source de 660 décès prématurés, de 920 hospitalisations, d’environ un millier de visites à l’urgence et de 331 000 maladies mineures.

En avril 2014, la dernière centrale au charbon de l’Ontario a été fermée, marquant ainsi la fin d’un processus d’élimination progressive de cette source d’énergie; processus qui a duré une dizaine d’années. Ce processus a représenté le plus important effort de réduction des gaz à effet de serre en Amérique du Nord. En guise de retombée, la qualité de l’air dans le sud de l’Ontario s’est améliorée considérablement; on y a enregistré deux jours de smog en 2013, et aucun en 2014.

Les organismes caritatifs ont aidé à la création de réseaux de parcs nationaux et provinciaux à l’échelle du Canada

À la fin des années 1980, l’exploitation forestière menaçait les forêts anciennes, comme celles de Temagami. L’étalement urbain et le développement industriel étaient en train de détruire la nature du pays. À l’époque, moins de 3 % des zones terrestres du Canada étaient protégées.

WWF-Canada a alors lancé la campagne sur les sites naturels menacés, qui visait à accroître les aires protégées du Canada. Un million de personnes ont signé la Charte canadienne des sites naturels du WWF – un manifeste présentant les objectifs de la campagne. Des centaines d’organisations, comme les Guides du Canada et l’Assemblée des Premières Nations, en ont entériné les objectifs.

En 1992, WWF-Canada avait obtenu un engagement par écrit de chaque ordre de gouvernement du pays. Des employés d’une dizaine de groupes de conservation, y compris des sections de la Société pour la nature et les parcs du Canada, se sont mobilisés pour soutenir la campagne. Chaque année, des fiches de rendement étaient produites pour évaluer les progrès accomplis par les ordres de gouvernement.

En 2000, la campagne sur les sites naturels menacés avait permis de protéger une superficie remarquable de 39 millions d’hectares – sous la forme de quelque 1 000 parcs, aires de nature sauvage et réserves naturelles – et de plus que doubler le nombre d’aires protégées au Canada. En tout, plus de 93 millions d’hectares d’aires protégées ont été créées à l’échelle du Canada.

Les organismes caritatifs jouent un rôle crucial dans la société canadienne

Tous ces acquis ont été rendus possibles grâce à des citoyens canadiens de tous les horizons qui œuvrent au sein d’organismes caritatifs en vue de soulever des enjeux et proposer des solutions qui finissent par inciter la prise de mesures de la part du gouvernement. Grâce à ces acquis, on a fait du Canada un pays plus sûr et plus propre, un pays où il fait bon vivre.

Ces progrès ne seraient jamais arrivés si les organismes caritatifs n’étaient pas en mesure de participer aux débats sur les politiques publiques. Si ces organismes sont réduits au silence, les Canadiens ne pourront plus se faire entendre sur des questions qu’ils ont à cœur.

Les organismes caritatifs canadiens jouent un rôle important dans notre société démocratique. Ils ouvrent la voie en émettant des avertissements, en informant le public, en proposant des solutions et en préconisant des changements importants au nom des Canadiens. Ce faisant, les organismes caritatifs contribuent à assurer que les Canadiens légueront à leurs enfants et petits-enfants un monde dont ils pourront tous être fiers.

Appuyez les organismes caritatifs dès maintenant. Adhérez à notre initiative et faites en sorte que les Canadiens continuent à avoir les moyens de s’exprimer sur des questions qu’ils ont à cœur.